83.30km
2576m

La traversée du Mont Teide

serge
Date
11.02.2020
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Les canaries, l'endroit parfait pour se réfugier en hiver. Un climat exceptionnellement stable toute l'année, un vol Easyjet pour 2-3 pesos chiliens et en quelques heures, bim on passe d'une journée à -10 sous le stratus du bassin lémanique à 20° plein soleil.
C'est évidemment l'un des endroits privilégiés pour tous les pros du world tour en pleine préparation. En parlant pro, on veut aussi dire les retraités anglais, allemand ou hollandais. On va dire que la moyenne d'âge est parfaite pour un thé dansant ou une trilogie d'épisode de Derrick avant un spritz ou une bière, mais pour s'évader sur le vélo, c'est parfait. Lanzarote étant l'île probablement la plus venteuse (pas assez de reliefs), le choix s'arrête souvent entre Gran Canaria qui offre beaucoup de dénivelés concentrés ou Ténérife et le plus haut sommet d'Espagne. C'est sur cette dernière île qu'on va s'arrêter, parce que c'est aussi une des rares possibilités en Europe de pouvoir monter à plus de 2000m en plein milieu de l'hiver (en manche courte).

Le problème du vent est moindre au sud de l'île et la température plus agréable, même si on peut tomber sur de la neige de temps en temps à partir de 1000 m.

Le programme du jour, la traversée de l'île sud-nord (enfin presque), soit de Los Cristianos à Puerto de la Cruz (enfin presque), environ 100 km avec le profil le plus simple du monde. On monte 50 km, on descend 50 km (enfin presque...).
Parce que oui, le problème est là. Monter à 2000m on a déjà fait, mais en partant du niveau de la mer, c'est moins connu. Alors on va gérer ça comme on peut et au final, on a le temps.

English breakfast donc pour commencer (oui, on reste.... locale) et départ du golf de Los Cristianos. Techniquement on est déjà à 4m d'altitude, c'est déjà ça de fait! Un petit kilomètre à zigzaguer entre les taxis, voiture et les triples giratoires, nous voilà sur la route d'El Teide (éviter de regarder le kilométrage d'entrée). 4 km très régulier avec des pentes aux alentours de 7% sur une route parfaite nous permet de détendre les muscles et de chauffer la machine. Un peu de trafic par contre sur ce secteur (mais bon en général, ça roule pas vite). Arrivé à la Camella, on prend à gauche direction Arona et le fun commence. Quelques petites rampes à 10% nous font penser que de rouler à 11 km/h, on n'est pas prêt d'être au bout. Mais comme ça dure pas longtemps et que la route est parfaite, ça se passe sans trop de problèmes. Des successions de lacets nous permettent de voir qu'on a déjà pris pas mal d'altitude (insta photo time). 

Une fois passé Arona et après un secteur encore assez difficile jusqu'à La Escalona, la pente se radoucit et vous aurez droit à quelques kilomètres de plat. Au final, arrivé à Vilaflor, la moyenne doit être de 6% sur 21 km. À 1200 m, il est temps de s'envoyer un café con lèche après un peu moins de 2h de route.
On rembraille pour la dernière partie. Cette fois un peu moins de insta-scénique vues, on rentre dans une forêt de pins. Là on oublie les secteurs de plat, c'est 12 km à quasiment 7% de moyenne. La route est toujours parfaite et le trafic quasi inexistant (à part 2-3 pros en descente à plat ventre sur le cadre). On va pas vous mentir, les jambes commencent un tant soit peu à être lourde. Par contre c'est toujours très régulier et la température ne varie pas beaucoup malgré le fait d'être à quasiment 2000 m.

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En équilibre sur le cratère
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Nous voilà sur le bord du cratère (enfin, ça y ressemble) à exactement 2154m après environ 3h d'ascension. Là vous vous dites naïvement que c'est bon, le plus dur est passé et vous voyez déjà tourner les Pina Colada au tour de la tête. Funny! 4-5 km de descente dans la bête et nous voilà dans le Mordor. Très volcanique l'endroit. 1 ou 2 petit kilomètre à plat où on peut se la jouer en roulant à plus de 30 km/h avant de déchanter. Oui, ça monte...encore... de nouveau. Au final, on en a pour environ 7 km de montée à 5%.
Là vous allez croiser les touristes, les randonneurs et les pros qui dorment dans l'unique hôtel du coin. L'endroit qu'avait choisi Bradley Wiggins pour s'isoler quelques semaines en préparant le Tour...qui est devenu le lieu de vilégatiure pour tous les pros depuis.

Avec le vent qui peut souffler (et souvent de face comme de par hasard), ça commence à devenir technique toute cette histoire. C'est à ce moment-là que votre stratégie des bidons devient vitale, j'espère que vous n'avez pas oublié de recharger à Vilaflor, ici c'est la vallée de la soif! Une fois qu'on arrive au parking du téléphérique, victoire, à 2331m on est sur le point le plus haut, plus que de la descente. ça commence gentiment mais y fait froid là-haut. Une petite succession de restaurant (genre au moment où on en a vraiment plus besoin) et on se lance dans la véritable descente sur Porto de la Cruz. Là vous allez sentir la différence de climat. Si face sud on peut faire la descente en gilet, face nord, les moufles sont la doudoune ne serait pas de trop (mais bon, je n'ai pas).

Il ne vous reste plus que vous laisser emmener sur Porto de la Cruz via la Orotava... et les tapas qui vont avec.