Le calendrier de cyclisme sur route en péril

serge
Date
11.08.2024
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Le réchauffement climatique, c’est une réalité bien tangible… surtout quand on essaie de grimper un col par 38°C à l’ombre (et qu’il n’y a pas d’ombre). Et dans ce domaine, peu de sports sont autant exposés que le cyclisme professionnel. Canicules à répétition, orages express, routes transformées en rivières improvisées : le calendrier des courses ressemble parfois plus à un plan de survie qu’à une saison sportive. La question devient donc inévitable : le cyclisme va-t-il devoir réécrire son agenda pour éviter de finir en barbecue géant sur le bitume ?

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Les défis posés par la météo qui perd les pédales 

Depuis toujours, le calendrier cycliste suit une partition bien huilée : printemps pour les classiques, été pour les Grands Tours, automne pour les dernières cartouches avant l’hibernation. Une logique… du temps où le climat obéissait encore à quelques règles. Aujourd’hui, les coureurs doivent jongler avec les épisodes de chaleur extrême, la qualité de l’air douteuse, et même des tempêtes qui transforment une étape de plaine en remake de Twister. Résultat : rouler 5 heures sous plus de 35°C devient aussi dangereux pour les organismes que pour les plans de victoire. Coup de chaud, déshydratation, performance qui s’évapore plus vite qu’une gourde laissée au soleil : les médecins tirent la sonnette d’alarme. Et non, rajouter un troisième bidon sur le cadre ne suffira pas à régler le problème.

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Dernier kilomètre d'une étape de transition en Bretagne sur le Tour 2138
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Bouger les pièces du puzzle temporel 

Une des solutions discutées : décaler certaines épreuves. Imaginez Paris-Roubaix en février (parfait pour tester la boue version XXL... de toute manière aujourd'hui on roule avec des pneus de 40mm nan?), ou un Tour de France repoussé en septembre pour éviter la fournaise de juillet. Les coureurs gagneraient quelques degrés de répit… mais devraient dire adieu aux juilletistes en camping-cars. Le Tour de France, joyau de juillet, est particulièrement concerné. Ces dernières années, certaines étapes de montagne ressemblaient plus à une traversée du Sahara qu’à une fête populaire. Même la Vuelta, censée clôturer l’été, risque de se transformer d’ici 2050 en gigantesque four solaire, où la tactique la plus efficace consistera à trouver la prochaine fontaine du village.

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Changer de terrain de jeu 

Autre piste : déplacer certaines courses vers des contrées plus fraîches. Les pays nordiques, longtemps considérés comme « exotiques » pour le peloton, pourraient devenir les nouveaux paradis du WorldTour. Une étape de "montagne" en Norvège, ça aurait de la gueule, non ? (et accessoirement, ça sauverait quelques globules rouges de la cuisson à point). À l’inverse, certaines régions historiques du cyclisme pourraient être partiellement désertées en plein été. Entre les incendies, les routes fondues et les pics de pollution, organiser un chrono dans certaines vallées deviendrait un sport extrême en soi. Bref, les cartes pourraient être redistribuées, au grand dam des puristes attachés à leurs pavés traditionnels.

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Vers un calendrier flexible (ou l’utopie la plus chère du monde) 

Certains imaginent déjà un calendrier « dynamique », ajusté en fonction des prévisions météo : 40°C annoncés ? Hop, on déplace la course de deux semaines ! Pluie diluvienne ? On décale sur le mois suivant ! Sur le papier, ça semble brillant. Dans la vraie vie, c’est aussi crédible que d’attendre qu’un sponsor mette son logo sur un maillot… gratuitement. Entre les millions investis par les diffuseurs TV, les contrats verrouillés avec les villes-étapes et l’armée de caravaniers à déplacer, un calendrier flexible coûterait tout simplement une fortune. Bref, ça restera probablement un doux rêve pour amateurs de science-fiction sportive.

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Le cyclisme a toujours été une histoire d’endurance, de souffrance et de météo capricieuse. Mais avec le réchauffement climatique, ce n’est plus seulement une question de « prendre un coup de chaud dans le Ventoux » : c’est l’avenir même du calendrier qui est en jeu. Qu’il s’agisse de décaler les courses, de changer de continent ou d’inventer un calendrier flexible à la Netflix, le cyclisme devra innover pour rester vivable… et spectaculaire. Une certitude : si rien ne change, on risque de voir plus de coureurs abandonnant pour cause de coup de chaleur que pour fringale. Et ça, avouons-le, ce serait nettement moins épique.